Parmi les événements incontournables organisés à Mèze, on compte indéniablement la fête de Mèze. Elle est organisée chaque année au mois d’août. Durant cette parenthèse vivante, animée, chaleureuse, le passé et le présent ne forment plus qu’un ensemble homogène. L’héritage culturel occitan ravit les petits et les grands.
Ce guide se veut pleinement consacré à ce rendez-vous historique, à ses jeux, à ses défilés bariolés. Vous en apprendrez davantage sur la symbolique du bœuf, pleinement mis à l’honneur durant la célébration. Nous vous proposons un voyage virtuel… mais complet au détour des rues, des plages qui accueillent cette liesse estivale.
Suivons la vedette animale, fièrement dotée de ses larges cornes… sans oublier le reste des moments forts qui ponctuent ces incontournables journées !
Il faudrait consacrer un ouvrage entier à l’historique de la fête du bœuf de Mèze. Et pour cause : elle s’inscrit dans le « patrimoine culturel immatériel » français, selon les termes utilisés par le Ministre de la Culture. Bien au-delà du divertissement, elle ritualise un rappel aux traditions, sachant que la première « édition » semble remonter à l’année 1701 (source).
Notons que déterminer précisément la valeur symbolique du bœuf n’a rien d’évident. Les légendes et les sources d’inspiration s’entremêlent ; le folklore l’emporte sur les faits bruts. Pour simplifier notre explication, on retiendra un élément accessible et commun à plusieurs récits : cette bête représente l’opulence, l’abondance. Le sacrifice doit permettre un retour cyclique de la nourriture, des ressources agricoles en général.
Bien sûr, celles et ceux qui participent à la version moderne ne pensent pas nécessairement à cette dimension allégorique. Désormais, la fête du bœuf de Mèze correspond plutôt à un rendez-vous fédérateur, très attendu lorsque les beaux jours reviennent, synonyme de convivialité.
La fameuse créature déambulant dans les rues offre un repère ; c’est un peu le totem de la région, de ses habitants.
Notons, c’est important, que la naissance (ou plutôt la renaissance, allégoriquement) de cet animal n’a pas lieu en août. Les mézoises et les mézois retrouvent leur figure emblématique dès le 1er mai. Cela n’a rien de très surprenant, puisqu’il s’agit de célébrer l’arrivée du printemps ! L’animal revient, gorgée de vie, et sera mis en scène jusqu’à son sacrifice, lors de l’avant-dernière soirée des fêtes du bœuf de Mèze.
Focalisons-nous maintenant sur ces jours de liesse. À quoi correspond, typiquement, leur organisation ? Quelles sont ses différentes phases ?
C’est bien au-delà des frontières françaises que le bœuf s’avère symbole de fertilité. Déjà en des temps immémoriaux, en Mésopotamie notamment, il revêtait une dimension sacrée. Chantre de force, réceptacle de vie, cette bête, encore aujourd’hui, fait l’objet d’une stricte protection pour certains peuples. En Inde, comme vous le savez sans doute, on ne mange pas de sa viande.
Pour se rapprocher à nouveau de Mèze, notons qu’en France, le bœuf a longtemps été synonyme de « richesse », ou en tout cas de confort et de prospérité. Encore une fois, cette perception ne correspond plus à la réalité contemporaine. Les élevages en batteries et autres pratiques industrielles ont changé notre rapport aux races bovines. Les événements spéciaux comme la fête de Mèze en août ravivent périodiquement ce souvenir d’un autre temps – même si cela n’est pas toujours conscient.
Chaque année, et pour le plus grand bonheur des habitants, quelques nuances ponctuent l’événement. Elles font d’ailleurs partie du spectacle. Le bœuf lui-même a ce côté imprévisible, évasif, créant ainsi la surprise lorsqu’on le rencontre au détour d’une ruelle. Une surprise… annoncée, si on ose le paradoxe, puisqu’une musique typique, chaleureuse, rythmique accompagne la mise en scène.
Précisons-le, et même si cela semble évident aux locaux : il ne s’agit pas du véritable animal. À l’origine, les organisateurs employaient une vraie peau, organique, originale, pour produire un effet criant de vérité. Puis les sensibilités ont évolué. Désormais, une charpente en bois, recouverte d’une toile de jute brune, offre l’illusion d’un bovidé aux dimensions généreuses.
Mais revenons-en à une approche plus chronologique. Avant la « sortie du Bœuf et du Chevalet », très attendue, une large constellation d’activités est organisée. En 2023 par exemple, les mézoises, les mézois et les gens de passages ont pu profiter…
Oui, le programme des réjouissances ne se limite pas forcément aux usages régionaux. L’important, c’est de s’amuser, sous un angle sportif et rassembleur.
Tout ce que nous venons d’évoquer ponctuait la première journée cette année-là, laissant grimper la température jusqu’au messianique défilé. Cette procession pacifique, où chacun(e) peut porter son lampion, marque l’arrivée du fameux bœuf et de son compère le « chevalet ». Chacun va connaître un destin particulier, ritualisé : au terme des festivités, le premier sera sacrifié, tandis que l’autre va danser.
Lors du défilé inaugural, cela dit, ils arpentent les rues de Mèze, parfois au rythme des tambours, parfois animés d’une folie douce – celle qu’on décrivait tout à l’heure. Car c’est ce qui rend cette célébration aussi originale : elle répond à des codes anciens, identifiables, tout en laissant une place à la créativité.
Une créativité artistique, notamment, que les musiciennes et musiciens mézois peuvent exprimer. En amont, entre deux éditions, plusieurs groupes et associations se préparent à cette liesse incontournable. Les jeunes en profitent pour embrasser et perpétuer la tradition.
En 2023, à la première phase (le vendredi 18 août) se sont succédé deux jours de challenges en tous genres, nautiques et terrestres. Les célèbres joutes languedociennes ont commencé le samedi : elles miment, organisées au-dessus de l’eau, d’éclatants affrontements médiévaux. Le dimanche a permis le prolongement des duels, toujours cadencé par les salves d’artilleries et le carillon des cloches.
Arrive alors le lundi, celui du moment décisif. Celui où la prophétie, toujours renouvelée, attire des milliers de curieux. Oui, la mort du bœuf doit survenir en soirée.
Cela marque-t-il, pour autant, la fin de ce programme endiablé ? En réalité, non. Et si l’on y réfléchit, il y a une logique derrière ce prolongement – bien qu’il ne corresponde qu’à une journée (l’édition 2023 a pris fin le mardi 22 août).
Pour être plus clair, le sacrifice (symbolique) du bel animal ne marque pas une fin. Au contraire, il est question d’un cycle. À ce sujet, quelques minutes avant la mise à mort de la bête factice, le récital du chevalet résonne. Il marque la continuité : même si le bœuf doit périr, la relève est assurée.
La dernière journée, plus calme, clôt cette longue parenthèse de bonne humeur partagée via quelques dernières rencontres : handball, pétanque, remise des prix… Une grande « brasucade » satisfait les appétits en soirée, et il ne reste plus qu’à attendre les prochaines réjouissances !
Parmi les loisirs ponctuant la fête… nous avons cité la « boule carrée ». Savez-vous en quoi elle consiste ?
Il s’agit, en réalité, d’une variante de la pétanque. Et si l’on ose ce trait d’humour, cette version n’est pas aussi « carrée » que son nom le laisse présager. Les boules le sont bien… mais la trajectoire, elle, s’avère bien moins facile à anticiper !
La forme atypique des accessoires lancés sur la piste rajoute du piment au jeu. Elle rend également l’expérience plus accessible. Sa nature aléatoire permet aux débutants de l’emporter ; à tous les âges de s’amuser !
Si vous souhaitez visiter Mèze à un moment « stratégique », alors ne manquez pas la fête de Mèze. Elle se montre parfaitement fidèle à l’ambiance chaleureuse de la région Occitanie, laissant savourer le doux mariage de l’ancien et du contemporain.
Voici une sélection des promesses qui caractérisent chaque édition :
La fête de Mèze, c’est aussi une ode à la sportivité. Comme nous l’avons vu, des tournois, des épreuves de toutes sortes sont organisés. À l’ère du tout numérique, du très (trop ?) connecté, la compétitivité en plein air prend un sens nouveau ; elle offre un retour aux valeurs traditionnelles.
Les plus gourmands apprécieront les nombreuses concoctions au menu de la fête. Les traiteurs et autres établissements gastronomiques des environs prennent volontiers part à l’événement. Sachant qu’il y en a pour tous les goûts.
Nous avons plusieurs fois invoqué la mort du bœuf, véritable étape charnière de cette cérémonie annuelle. Jusqu’ici toutefois, nous n’avons pas parlé d’un rituel tout particulier : la mort des enfants. Non, n’ayez pas peur ! Celle-ci se veut évidemment et absolument allégorique. Aucune jeune âme n’est sacrifiée.
Pour reprendre les termes du dossier officiel, celui publié par le Ministère de la culture : « Les enfants sont nombreux, en file sur les marches du kiosque, à attendre d’être engloutis par la bête. Après quelques instants passés dans le ventre (…), ils en ressortent tous en même temps, heureux d’avoir vécu cette expérience initiatique ».
Dans un sens, cette coutume peut sembler étrange, mais elle est animée de bonnes intentions. Ces chères têtes blondes sont complices, et non victimes de cette parade amusante. On ne craint pas la bête, on s’en rit plutôt : l’heure est à la joie, à la bonne humeur. Lorsqu’on assiste directement à cette étape, on ressent de l’insouciance plutôt que la défiance.
Bien sûr, théoriquement, si l’on entre dans des considérations sociologiques, la métaphore est assez violente. Il est tout de même question d’un sacrifice. Cela dit, l’issue de ce passage (faussement) périlleux se veut toujours positive. Les enfants ressortent victorieux, et la vie peut continuer. Comme dans un conte, le monstre, lui, doit subir le châtiment ultime.
Tant que les parents posent le contexte, et que les tout petits attendent d’avoir pris quelques centimètres avant d’entrer dans la gueule du loup… ou plutôt du bœuf, tout devrait bien se passer !
Nous avons déjà mis en évidence cette cohabitation entre la coutume et la surprise ; nous y revenons pour conclure ce petit dossier. En effet, ce contraste donne un intérêt tout particulier à la fête du bœuf de Mèze. Même en y assistant fidèlement, chaque année, on peut se délecter d’une nouvelle animation (jeu, concert, défi sportif). Le défilé lui-même ne laisse pas la routine s’installer – les mouvements du bœuf et ceux de son acolyte laissent apprécier une belle spontanéité.
Vous l’aurez compris : nous vous recommandons vivement, ne serait-ce qu’une fois (et idéalement plusieurs 😉), de prendre part à ces jours de célébration.
La fête du bœuf de Mèze met en scène la créativité française, languedocienne, mézoise avec sincérité et variété. La prochaine occurrence battra son plein en août 2024. Alors, serez-vous de la partie ? De notre côté, nous ne raterions ce week-end prolongé pour rien au monde !
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